l’autorité française de la concurrence sanctionne Novartis, Roche et Genentech
La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est la première cause de problèmes de vision chez les adultes de plus de 50 ans et touche environ 8% de la population, selon l’Inserm. Elle provoque une déficience visuelle centrale sévère, qui se présente notamment sous la forme de taches brunes perçues par le patient. Elle ruinera également la réputation et modifiera les comptes des géants pharmaceutiques Novartis et Roche, ainsi que Genentech, la filiale américaine de ce dernier.
Le mercredi 9 septembre, l’Autorité antitrust a décidé d’infliger une sanction financière de près de 445 millions d’euros aux trois sociétés. Selon le gendarme du concours, ils se sont livrés “Pratiques abusives visant à préserver les ventes du médicament Lucentis pour le traitement de la DMLA au détriment d’Avastin”, une autre spécialité vendue par les mêmes joueurs et 30 fois moins chère.
Abus de position dominante
Tout a commencé lorsque Genentech a développé Avastin au début des années 2000, un médicament anticancéreux commercialisé depuis 2005 par Roche en Europe. Alors qu’ils se préparent au lancement parallèle de Lucentis, un médicament destiné au traitement spécifique de la DMLA et commercialisé en Europe par Novartis depuis 2007, les médecins se rendent compte qu’Avastin a des effets positifs pour traiter cette maladie.
Ainsi, malgré l’absence d’autorisation de mise sur le marché (AMM) spécifique, Avastin est largement utilisé contre la DMLA. La raison est simple. Lorsqu’une injection de Lucentis coûte 1161 €, une dose d’Avastin coûte 30 à 40 € …
“Ces pratiques visaient à bloquer ou à ralentir indûment les initiatives gouvernementales” – l’Autorité italienne de la concurrence
En 2008, les pouvoirs publics français ont lancé des projets de recherche visant à tester l’efficacité et les éventuels effets secondaires associés à Avastin dans le traitement de la DMLA. Les trois sociétés n’aiment pas cela et feront tout pour empêcher l’utilisation «hors AMM» d’Avastin. Avec les médecins et les pouvoirs publics, le trio se propage «Un discours alarmant et parfois trompeur sur les risques liés à l’utilisation d’Avastin pour traiter la DMLA. Ces pratiques visaient à bloquer ou ralentir indûment les initiatives gouvernementales visant à garantir leur utilisation hors AMM pour le traitement de la DMLA ».
Selon l’Autorité de la concurrence, les trois joueurs ont abusé “Leur domination collective”. Même s’ils sont distincts, “Les trois laboratoires doivent être considérés comme une” entité collective “au sens du droit de la concurrence, compte tenu des liens croisés capitalistes et des liens contractuels existant entre eux (…). Compte tenu des différences de coût de traitement entre les deux spécialités, toute utilisation d’Avastin à la place de Lucentis pourrait entraîner une perte de revenus significative pour chacun des trois laboratoires concernés “. Novartis doit débourser environ 385 millions d’euros, Roche, désormais propriétaire de Genentech, près de 60 millions.