Veolia lance une OPA hostile sur Suez
Le groupe renonce au caractère amiable de sa tentative d’acquisition et met 7,9 milliards d’euros sur la table pour acquérir 70,1% du capital qu’il ne détient pas.
Antoine Frérot, PDG de Veolia, a franchi le Rubicon. Dimanche soir, son groupe a annoncé le dépôt officiel d’une offre publique d’achat sur son rival Suez. Peu importe, désormais, que le conseil d’administration de Suez lui soit hostile: Veolia a renoncé à sa promesse de ne s’engager que dans un projet amical. Le 5 octobre, après avoir acheté 29,9% de Suez à Engie contre l’avis du gouvernement, le groupe dirigé par Antoine Frérot a fait une promesse.
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Pour justifier son changement de stratégie, Veolia l’explique “Ses tentatives répétées d’amitié ont rencontré l’opposition de Suez”, ce qui le conduit à “Modifier sa déclaration d’intention en n’exigeant plus que l’offre soit soumise à l’accueil favorable du conseil d’administration de Suez.” Mentionne également “Les manœuvres et déclarations ambiguës de Suez, Ardian et GIP”. Les fonds Ardian et GIP ont adressé une lettre d’intention à Suez le 17 janvier, en soutien “Une solution amicale” ce qui pourrait conduire à une offre publique alternative à celle de Veolia.
Depuis, les dirigeants de Suez et de Veolia ont promis de se parler. Vendredi, une seule rencontre a eu lieu entre Bertrand Camus, PDG de Suez, et Antoine Frérot. Cela a conduit à une déclaration de faillite, tout le monde voulait juste parler de son projet. N’ayant pas l’intention de se rendre à la deuxième réunion prévue mercredi, Antoine Frérot a lancé les hostilités dimanche … D’autant plus que le 3 février, le tribunal judiciaire de Nanterre lui a restitué les droits de vote liés à sa participation à Suez. L’OPA a été présentée au prix de 18 euros par action, soit 7,9 milliards d’euros pour 70,1% du capital.
Le groupe dirigé par Bertrand Camus a établi le dépôt de cette OPA dimanche soir “Irrégulier et illégal”. “Veolia n’est pas légalement en mesure de déposer une offre publique d’achat”, a souligné un porte-parole de Suez, dénonçant une “Résiliation de l’engagement d’amitié” prise par Veolia. “Nous ne laisserons pas Veolia suivre son cours dans son entreprise de destruction”, a déclaré pour sa part l’intersyndicale de Suez (CGT, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC) dénonçant une “OPA hostile contre Suez et ses salariés”, synonyme de “Déclaration de guerre sans retour”. Cette offensive hostile menace de déplaire à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, qui a invité à plusieurs reprises les protagonistes à dialoguer entre eux pour trouver un accord. La bataille durera probablement.